Rodéo

Je m'abrite sous le parapluie et la pluie s'essuie, comme par magie, comme par radiation. L'auréole produite par mes pas laisse une empreinte sur la terre détrempée. Mon jupon blanc et mon petit béret noir me suivent à folle allure dans ma course contre l'eau. J'atteint enfin la petite chapelle blanche en haut de la colline, très baroque avec ses rehauts dorés. Marie me salue, d'un geste noble tandis que sa main effleure sa toge romaine aux plis si denses. Ses lèvres sont teintes en rouge carmin et ses yeux d'un bleu marine. Elle est belle. J'esquisse le signe, bonne foi, je ne sais pas, je redescends la colline. En passant devant la torréfaction, j'hume la délicate odeur de ce qui me ravit, le thé et le café, si fort, si doux, musqué masquant. La ruelle pavée se sent nue sous la pluie, il ne pleut presque plus, et pourtant, cela sent encore l'odeur de la mer. Il pleut des gouttes presque sacrées, me dis-je. J'ai bien fait d'aller prier.