(Ligotage Intempestif)

Trop âcre, le gout citronné des années lycée. Trop sucrées, les années rose bonbon adorées de la maternelle et des jouets. Trop moroses, le sang glacé des années emprisonnées noires et obscures collégiales, les envies livides et morbides d'être en vie sans but. Trop orangées, les journées passées collées sur un canapé, le dos collant et la clope au bec, le désir rutilant de vieillir, et le désir de laisser pourir ses années. Trop, trop, trop. Toujours le trop, jamais le moins, que de l'abus, et jamais de soin . Trop amères, ses terribles années, oubliables, et impensables.

C'est différent. Il y a moins cette terrible angoisse, ce rejet permanent et ces dégrigolades en cascade. Il n'y a plus les mauvais, il reste encore des pseudos mauvais, mais ayant un bon fond.

C'est mieux maintenant. Merci biou.

Rire négatif.

Si j'aurais pu, j'aurais aimé être médecin du coeur. J'aurais gravi l'Himalaya, et perdus mes skis dans l'Ohio. Dire que si j'avais été plus gentille, je serai peut être devenue nurse ou puéricultrice.. Ma voie est toute autre. Un jour peut être, je deviendrais conservatrice au musée du Louvre, et j'aurais devant moi tant de chefs d'oeuvre. Dire que ma vie ne vient que commencer me fait affreusement peur.

Je m'abrite sous le parapluie et la pluie s'essuie, comme par magie, comme par radiation. L'auréole produite par mes pas laisse une empreinte sur la terre détrempée. Mon jupon blanc et mon petit béret noir me suivent à folle allure dans ma course contre l'eau. J'atteint enfin la petite chapelle blanche en haut de la colline, très baroque avec ses rehauts dorés. Marie me salue, d'un geste noble tandis que sa main effleure sa toge romaine aux plis si denses. Ses lèvres sont teintes en rouge carmin et ses yeux d'un bleu marine. Elle est belle. J'esquisse le signe, bonne foi, je ne sais pas, je redescends la colline. En passant devant la torréfaction, j'hume la délicate odeur de ce qui me ravit, le thé et le café, si fort, si doux, musqué masquant. La ruelle pavée se sent nue sous la pluie, il ne pleut presque plus, et pourtant, cela sent encore l'odeur de la mer. Il pleut des gouttes presque sacrées, me dis-je. J'ai bien fait d'aller prier.

Prose, verse ton sillon

Et laisse tes haillons

Courir vers le tourbillon .

Des vitres poreuses

Sont tes yeux

Couleur marine, Marine.

Les vagues s'échouent

le long de tes pieds tendres

ils s'effacent, maigres chateaux

le sable mouvant, et l'étoile de

la mer, Marine, le bateau ivre.

Comme j'aimerai ressembler à toutes celles qui sont belles, comme j'aimerai être intelligente et blonde, pour contredire les bonnes blagues, comme j'aimerai passer des heures à écouter mes copines, les comprendre et les conseiller, sur les picotis qu'il y a avec leur "chéri" alors que moi je persiste à flotter seule, comme j'aimerai  qu'après elles parlent de moi, avec un sourire en se disant "quelle chance on a..."... Mon dieu, ironique et cruelle tristesse, comme j'aimerai être une Originale femelle, avec des gros seins, et des oreilles à la hauteur de mon cerveau...

Chronique d'un nouveau genre, je suis à la hauteur des ambitions de Mlle Chnupinette( me comprends-tu?).

A bientot.

Comment faire? Aller au centre commercial le samedi après midi, partir en vacances au mois d'aout, vivre à 100 à l'heure, fumer clope sur clope, ne pas manger pour se sentir mieux dans sa peau, mieux dans son corps, être belle et se taire, mon dieu, prier, oh non!, porter une main "inch'allah"autour du cou pour se sentir mieux avec un but dans la vie...

Bon dieu, my god, c'est si dur d'être soi même.

Si jamais un jour, je vous raconte ma vie, (d'ailleurs pourquoi te vouvoyes-je tu? petit écran solide et opaque, toi qui seul me lit...) arretez moi, faites moi rire, dites moi que je ne suis pas comme cela, que je suis ORIGINALE. 

Ca fait tellement du bien de se faire du bien...

Les ligotages intempestifs de ma pauvre vie sans avenir, c'est vraiment pas drôle. Si vous saviez comme je souffre, derrière cet écran opaque et stérile.

J'avais dit que je ne plaindrai pas, c'est trop dur, comprenez?

Enfin, liluulali se réveille. Pas de bonne heure, ni d'humeur. Lascive comme toujours, au volant velu de son tapis roulant. Aime les orteils sans ongles et les fontaines sans eaux, ni oiseaux, juste des miettes de mirettes égarées.

"Parler sans dire, c'est un peu à cela que sert cette chose appelée blog. Je ne me trémousserai certainement pas devant vos mirettes, je ne fantasmerais pas sur mes dons incommensurables de poésie lucrative. Je ne ferai qu'écrire ces choses qui apparaissent dans ma tête, comme des hallucinations mais visibles en toutes lettres. Je ne me jeterais jamais de fleurs, je veux juste avoir le pouvoir de dire ce que je ne pense pas." dit liluulali, frêle et minuscule être. 

Sur ces mots, je laisse le temps à ma petite héroïne affranchie, lliluulali, li-lu-la-li, avec doublage de "u", c'est plus original, de se remmettre d'aplomb. Trop d'émotions. N'oublions pas que c'est une humaine, et que les humains sont décidement bien fragiles.